Rencontre cinéma

mercredi 13 avril
20h

Le Genou d'Ahed de Nadav Lapid, en sa présence

Primé à Locarno en 2011 avec Le Policier, lauréat de l'Ours d'or de la Berlinale en 2019 avec Synonymes, Nadav Lapid sera à Pully pour présenter son nouveau film, Le Genou d'Ahed, Prix du Jury et en lice pour la Palme d'or à Cannes en 2021. Pour son quatrième long-métrage, en partie autobiographique, le cinéaste israélien met un scène un réalisateur faisant face à la censure et questionne sa relation à son pays.

Le Genou d'Ahed de Nadav Lapid
(Fiction, France, Allemagne, Israël, 2021, 1h49, v.o. s-t fr., 16/16) – Y, réalisateur israélien, est à la recherche de l’actrice principale de son prochain film. Elle devra incarner l’activiste palestinienne Ahed Tamimi qui, pour avoir giflé un soldat, s’est vue menacée de recevoir une balle dans le genou. Alors qu’il quitte ses préparatifs de tournage pour présenter son dernier film dans un petit village reculé au bout du désert, il se voit contraint de signer un formulaire qui assure au ministère de la culture de la recevabilité des sujets abordés lors de la discussion qui suivra la projection. Il se jette alors désespérément dans deux combats: l’un contre la mort de la liberté dans son pays, l’autre contre la mort de sa mère

NADAV LAPID SUR LA GENÈSE DU FILM
«Le Genou d'Ahed a été écrit dans un sentiment d’urgence, un sentiment qui m’a intimé d’écrire, de tout écrire, vite, jusqu’au bout. Un sentiment qui me maîtrisait plus que je ne le maîtrisais. Le film est né d’un évènement qui s’est passé en juin 2018.
Mon téléphone a sonné et une femme qui s’est présentée comme la directrice adjointe des bibliothèques d’Israël au ministère de la Culture m’a invité à présenter mon film L'Institutrice à la bibliothèque de Sapir, un village minuscule de la région de la Arava, tout au bout d’Israël. Un désert vaste, peu d’habitants, plein de sable, un endroit où je n’étais jamais allé auparavant. Juste avant que la conversation ne se termine, elle a mentionné un document que je devais obligatoirement remplir et signer pour que ma présentation du film soit validée. Dans ce document j’allais devoir, en plus de signaler quelques informations techniques, choisir à partir d’une liste de sujets donnés celui de ma présentation, et promettre de discuter avec le public du sujet choisi, et d’aucun autre. Cela m’a paru louche. Surtout en ces jours où la liberté d’expression est en Israël un soleil maussade de décembre, qui s’assombrit et s’éteint. Et la figure prédominante de cette campagne contre la liberté d’expression était la ministre de la Culture en personne.
Je suis allé dans le Sud, dans la Arava. Le peu de gens que je croisais étaient des Israéliens d’un type que je ne connaissais pas. À la rencontre avec le public, après la projection du film, j’ai tenu plus au moins les propos habituels. Peut-être qu’inconsciemment, j’étais plus prudent.
Quelques mois plus tard, la ministre de la Culture a initié la loi pour la loyauté de la culture, qui interdit le financement d’une œuvre d’art jugée infidèle à l’Etat. Une loi qui peut être votée à tout instant. La démocratie relative qui existait encore ici se rétrécit de plus en plus. On vit la fin d’une certaine santé mentale israélienne, vraie ou fausse, dans laquelle j’ai grandi. C’est bien la fin d’Israël tel que je l’ai connu. Peut-être que c’est le destin inévitable d’un pays en guerre éternelle. Le destin d’un pays où presque chaque habitant, moi inclus, a connu la guerre, pris part à la guerre, à la violence. Je n’en ai aucune idée. Je ne suis ni historien, ni sociologue. La liberté d’expression artistique est devenue, étrangement, le drapeau emblématique de cet écroulement...»

Bio cinéaste
Né en 1975 à Tel-Aviv, Nadav Lapid étudie la philosophie à l'Université de Tel-Aviv, la littérature française à Paris et le cinéma à l'école Sam Spiegel à Jérusalem.
Après avoir réalisé trois courts métrages, publié un roman et travaillé comme critique littéraire puis journaliste sportif, il entre en 2008 à la Cinéfondation du festival de Cannes où il écrit le scénario de son premier long-métrage, Le Policier qui remportera le Prix du Jury au Festival de Locarno en 2011. Suivra notamment L'Institutrice en 2014 (présenté à la Semaine de la critique à Cannes) et Synonymes, Ours d'or à la Berlinale en 2019.

À L'AFFICHE EN AVRIL
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INFOS PRATIQUES
Portes: 19h30, Projection suivie d'une discussion: 20h
Tarifs: 15.- (plein) / 12.- (réduit) / 10.- (membres)

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